Les plantes messicoles sont des plantes vivant dans les moissons (champs de céréales principalement, mais aussi champs de colza ou d’autres cultures), qui constituent leur milieu de vie principal. Les plus emblématiques de ces plantes sont certainement le coquelicot et le bleuet. L’origine de cette relation remonte à la nuit des temps. Quand les hommes ont commencé à cultiver des céréales au Néolithique, certaines plantes y ont trouvé leur avantage et se sont installées dans les champs. Elles constituent donc un héritage vivant de plusieurs millénaires d’histoire de l’agriculture en Europe.
Plusieurs de ces plantes, encore très communes il y a quelques décennies, ont quasiment, voire totalement disparu de nos paysages. Ainsi, sur les 107 plantes messicoles recensées en Wallonie, près d’un quart a déjà disparu, et une moitié est menacée de l’être à plus ou moins court terme si rien n’est fait pour les conserver. La raison de ce déclin est que ces plantes ont très mal résisté aux évolutions récentes de l’agriculture, notamment à l’arrivée des herbicides. Leur conservation nécessite donc de maintenir des refuges où elles pourront continuer à se développer. La bande aménagée constitue une réelle opportunité pour les agriculteurs de faire un geste dans ce sens en limitant ou en excluant les pertes de revenu.
Les bandes aménagées pour la conservation des plantes messicoles
La bande aménagée pour la conservation des plantes messicoles est une variante de la méthode MC8. En plus des restrictions générales de fertilisation et d’utilisation d’herbicides, des céréales sont implantées au moins 3 ans sur les 5 de l’engagement. Pour accéder à cette méthode, il faut qu’au moins une plante messicole menacée ait été trouvée récemment dans la parcelle ou dans ses environs (< 500m). En 2015, 34 agriculteurs sont impliqués et gèrent 32km (44ha) de bandes. On les retrouve partout en Wallonie, mais principalement en Famenne et en Gaume où ces plantes restent plus présentes. La condition de présence de plantes menacées rend ce type de bande peu accessible, mais elle permet de la rendre plus efficace en évitant de conserver ces plantes là où elles ne sont pas. L’objectif est donc la qualité plus que la quantité. Le but du suivi présenté ici est de s’en assurer.
Méthode
Chaque année depuis 2008, plusieurs bandes sont visitées afin d’établir la liste des plantes qui y poussent.
Résultats
Près de 200 espèces végétales ont été recensées sur les bandes de conservation (la flore wallonne en compte environ 1200). Parmi celles-ci, pas moins de 29 espèces messicoles menacées ont été trouvées. Certaines bandes exceptionnelles peuvent abriter jusqu’à 5 ou 6 plantes messicoles menacées et jusqu’à 40 espèces au total. Seules 15% des bandes n’abritent aucune de ces espèces, ou du moins elles n’y ont pas encore été détectées. Cela reflète bien l’accent mis sur la qualité et l’atteinte des objectifs de conservation. Aussi, les revisites sur les mêmes bandes ont montré que, de manière générale, les plantes se maintenaient durant la durée de l’engagement.
Bien que ces résultats soient encourageants, ils ne permettent pas de conclure que les espèces trouvées dans les bandes sont hors de danger. En effet, si des espèces comme le bleuet ou la valérianelle dentée sont relativement bien couvertes par le réseau de bandes, un grand nombre de ces plantes ne se retrouvent que chez un ou deux agriculteurs. Il suffit alors que l’agriculteur en question ne désire pas renouveler son engagement au bout des 5 ans pour que l’espèce soit « perdue », ce qui est hélas déjà arrivé par le passé. Dès lors, il reste nécessaire d’étendre le réseau de bandes existantes, et de le complémenter d’autres outils de long terme, comme la création de réserves naturelles dédiées aux plantes messicoles.