Bandes fleuries et lutte biologique
Ecrit d’après :
Hatt, S., Uyttenbroeck, R., Bodson, B., Piqueray, J., Monty, A., & Francis, F. (2015). Des bandes fleuries pour la lutte biologique : état des lieux , limites et perspectives en Wallonie – Une synthèse bibliographique . Entomologie Faunistique, 68, 159–168.
Les infrastructures écologiques présentes en bordure des parcelles cultivées peuvent être diverses : lisières de bois, haies, bandes fleuries et enherbées. Elles sont connues pour offrir une diversité de services écosystémiques : participation à la fertilisation des sols, à la réduction de leur érosion et du lessivage des nitrates et résidus de pesticides, à la conservation des insectes. Ces services sont en mesures de donner un sens utilitaire à la conservation de la biodiversité en général. Les infrastructures écologiques au sein des paysages agricoles sont connues pour abriter une plus grande diversité d’insectes que les champs qui leurs sont adjacents. C’est le cas en Wallonie où la diversité en insectes, mais aussi leur abondance, est plus importante au sein des bordures de champs et des lisières de forêts qu’à l’intérieur des parcelles cultivées. Parmi ces insectes, nous retrouvons des ennemis naturels des ravageurs tels que des syrphes, des staphylins, des carabes, des coccinelles ou des guêpes parasitoïdes.
La présence d’ennemis naturels à proximité des parcelles cultivées peut être utile pour lutter biologiquement contre les ravageurs. C’est le principe de la lutte biologique par conservation. Néanmoins, le lien entre la présence d’ennemis naturels et la lutte contre les ravageurs n’est pas automatique et implique certains processus écologiques, parfois complexes. Par exemple, pour que les larves de syrphes limitent les populations de pucerons, il est essentiel que (1) les syrphes adultes trouvent à proximité des cultures le pollen et nectar de fleurs dont ils se nourrissent, (2) pondent sur les plantes cultivées et que (3) la ponte ait lieu au début de l’infestation des pucerons. Les larves prédatrices pourront alors agir au début de l’invasion des ravageurs. Il en va de même pour les coccinelles adultes et leurs larves prédatrices des pucerons.
Parmi les infrastructures écologiques décrites ci-dessus, les bandes fleuries semées présentent un intérêt reconnu pour la conservation de la biodiversité et potentiellement pour la lutte biologique. Ceci s’explique par le fait que les mélanges fleuris sont en mesure d’offrir aux insectes (1) des ressources alimentaires telles que du nectar, du pollen et (2) un lieu de vie pour la diapause hivernale et la reproduction du fait qu’il s’agisse d’un milieu à la structure complexe, peu perturbé (en comparaison aux espaces cultivés) et à l’abri des insecticides. Pour les prédateurs, en plus des avantages cités ci-dessus, les bandes fleuries sont en mesure d’abriter un certain nombre de proies alternatives et donc de leur offrir une ressource alimentaire complémentaire. Pour les parasitoïdes, la présence potentielle d’une grande diversité d’insectes dans les bandes augmente leur chance de trouver des individus hôtes essentiels à leur cycle reproductif. Tout cela permet de maintenir ces insectes utiles à proximité des champs et d’augmenter les chances qu’ils puissent agir rapidement en cas d’infestation de pucerons ou d’autres ravageurs.
Les bandes fleuries présentent donc un grand potentiel pour aider les agriculteurs à lutter contre les ravageurs des cultures. Toutefois, cela fait appel à des mécanismes complexes qu’il est difficile de maîtriser entièrement. C’est pourquoi divers projets de recherche, notamment au sein de la plateforme « Agriculture is Life » de Gembloux Agro-BioTech tentent de déterminer quels mélanges fleuris, et quelle gestion permettent de rendre les bandes fleuries plus performantes pour la lutte biologique. L’objectif final serait qu’elles permettent de réduire les doses d’insecticides à appliquer dans les champs, ce qui constituerait un bénéfice tant pour les agriculteurs que pour l’environnement.
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